Un haut lieu de la culture montreuilloise
Au XVIIe siècle, on cultivait des pêchers en espaliers sur des murs blancs en plâtre, les fameux « murs à pêches ». L’essor des chemins de fer au XIXe siècle et la compétition des pêches du sud de la France font tomber ces lieux à l’abandon.
Dans les années 1990, la mairie de Montreuil rachète à bas prix des parcelles afin d’urbaniser ces zones devenues constructibles. Les associations se mobilisent contre ce grignotage urbain et obtiennent en 2003 le classement de 8,5 hectares en « Sites et Paysages ».
Depuis 2000, le festival des Murs à pêches fait connaître ce lieu historique exceptionnel au grand public.
Des associations variées s’installent sur les parcelles, certaines mènent des activités culturelles comme du land art1 , un théâtre de verdure, ou bien encore des ateliers de théâtre.
Pour faire connaître du grand public ce lieu historique exceptionnel, les associations créent au début du second millénaire un festival des Murs à pêches.
En 2011, six associations s’organisent en fédération pour porter une voix commune dans la défense des Murs à pêches et organiser ce festival.
Un festival engagé et ancré
En seulement une vingtaine d’années, le festival des Murs à pêches est passé d’une petite guinguette rythmée par le son de l’accordéon à un festival de trois jours. La programmation artistique s’est progressivement étoffée, avec l’implication accrue de la compagnie d’art de rue « fer à coudre » dans l’organisation du festival dès 2014, et l’intégration d’artistes locaux à la programmation.
Les sujets abordés ne sont pas anodins reconnaît Samantha Lebrun, l’actuelle coordinatrice de la Fédération des Murs à pêches : « ces créations font réfléchir à notre place dans le monde ».
Il s’agit de l’un des plus gros festivals à prix libre de Seine–Saint-Denis. Ainsi, tout le monde peut accéder à la culture, sans condition de revenus. Cela implique néanmoins que les artistes jouent au chapeau et que de nombreux bénévoles s’impliquent.
L’édition 2022 a accueilli 15 000 spectateurs grâce à la mobilisation de 150 bénévoles. Chevilles ouvrières du festival, ils assument diverses missions comme l’accueil, le nettoyage des sanitaires, ou bien encore le service au bar. Pour Samantha Lebrun, « la fédération comme le festival tiennent beaucoup sur du bénévolat ».
Chaque édition du festival est construite avec les habitants, les associations de quartier et les artistes locaux. Un appel aux arts, diffusé sur Facebook et avec des affiches dans tout Montreuil, est mené en amont de chaque édition.
« Travailler avec des associations montreuilloises est nécessaire pour renforcer notre ancrage local, au-delà du rendez-vous annuel du festival », précise Samantha Lebrun. Chacun pourra ainsi proposer des idées et devenir acteur de ce festival original.
- 1Cette forme d’art contemporain utilise le cadre et les matériaux de la nature. Les œuvres sont souvent en extérieur, exposées aux éléments et soumises à l’érosion naturelle.