Les communs sont des ressources dont la gestion est assurée par une communauté créée à cette fin.
Cette définition très générale s'applique d'abord à des ressources naturelles renouvelables comme un réseau d'irrigation ou une zone de pêche, mais aussi à des ressources intellectuelles, scientifiques ou culturelles. Il n'y a pas de catégories de ressources qui appellent « par nature » la mise en commun mais celle-ci s'impose comme le mode de gestion optimal lorsqu'une ressource est menacée d'épuisement, de dégradation ou lorsqu'il s'agit de garantir durablement l'accès et l'apport du plus grand nombre à la ressource.
Les communs se distinguent des biens publics et des biens privés. Ce ne sont pas des biens publics parce qu'ils ne sont pas administrés par la puissance publique selon des règles qui s'imposent aux individus ; ils ne sont pas non plus régis par le droit de propriété. L'existence des communs ne dépend pas de lois abstraites ou universelles mais de la volonté de mettre la ressource en commun et d'organiser sa gouvernance, c'est-à-dire l'adoption de règles d'accès, d'exploitation et de partage, de procédures de suivi de ces règles et de sanction. La définition des communs est en fait très proche de celle de l'association, « convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que le partage de bénéfices ».
Les fiches qui sont rassemblées ici permettent de découvrir la variété des démarches et des objectifs de mise en commun. On verra notamment que celles-ci peuvent tantôt prolonger l'action publique (Brocas Open Data) tantôt se substituer à elle lorsqu'elle est défaillante (Safecast). De la même manière, on peut mettre en commun pour soutenir l'entreprise privée, comme dans le crowdfunding ou le partage de semences, ou pour faire obstacle à la privatisation des ressources intellectuelles (Creative Commons) ou des logiciels (Framasoft).
Il n'existe pas aujourd'hui à proprement parler de mouvement des communs, au sens d'une doctrine ou d'une organisation unifiée. On assiste pourtant à l'émergence d'une « communauté des communs », d'une vision de l'initiative individuelle et de l'action collective dans laquelle s'esquisse le dépassement de l'alternative entre néo-libéralisme et social-démocratie et qui tend non à bâtir un système économique et social mais à faire vivre un écosystème d'initiatives et de partage.
Octobre 2014 Yannick Blanc, président de la Fonda