L’ESSAIMAGE DES ATELIERS ARTISTIQUES-RÉPIT
En 2014, Françoise Ellien et Isabelle Brocard ont créé les ateliers cinémarépit JADE en Essonne1. Depuis une décennie, ces ateliers apportent aux jeunes aidants un lieu de répit où ils peuvent s’exprimer grâce à un médium artistique et rencontrer des jeunes qui vivent des situations similaires à la leur. De ce dispositif pilote est née début 2017, l’Association nationale Jeunes AiDants Ensemble (JADE). L’association forme les structures qui souhaiteraient porter un dispositif artistique-répit JADE, qu’il s’agisse d’associations de famille, d’aidants ou des plateformes de répit.
Aujourd’hui, chaque région dispose d’au moins un dispositif artistique-répit labellisé JADE, dont 19 sont portés par des structures partenaires. Ces dernières sont accompagnées du repérage des jeunes aux actions de sensibilisation sur les territoires en passant par l’évaluation2.
Aujourd’hui, chaque région dispose d’au moins un dispositif d’ateliers artistiquesrépit labellisé JADE.
Tous les ateliers de répit labellisés JADE répondent en effet à un cahier des charges précis dont un encadrement par une équipe professionnelle composée d’animateurs, de psychologues et d’artistes. Le médium artistique peut être le cinéma, la photographie, la danse, ou le théâtre, tant qu’il permet aux jeunes d’exprimer ce qu’ils vivent au quotidien.
L’IMPORTANCE DU PORTAGE POLITIQUE
Nous tenons à ce que les ateliers artistiques-répit restent gratuits pour les jeunes et leur famille. Association loi 1901, nous avons donc besoin de financements pérennes.
Parmi la vingtaine d’ateliers labellisés JADE en France en 2024, seule une minorité est financée par les pouvoirs publics. Il s’agit d’un mouvement de fond qui dépasse notre seul secteur : la part des subventions publiques dans les ressources des associations a diminué de 41 % entre 2005 et 20203.
Un portage politique des solutions de répit est pourtant fondamental pour les jeunes aidants. La stratégie gouvernementale « Agir pour les aidants » est le premier texte de politique publique à citer directement les jeunes aidants, ce qui représente une avancée importante, mais non suffisante si elle n’est pas suivie de moyens.
En 2021, la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) du ministère des Solidarités et de la Santé a envoyé aux différentes Agences régionales de santé (ARS) une note de cadrage relative à l’offre de répit4 Aujourd’hui, rares sont les ARS qui se sont vraiment saisies du sujet.
Le Centre-Val de Loire fait figure d’exception qui confirme la règle. En 2018, JADE a organisé à la demande de l’ARS Centre-Val de Loire l’identification de structures qui pourraient porter des dispositifs pour les jeunes aidants. Aujourd’hui, sur les six départements de cette région, quatre proposent des ateliers entièrement financés par l’ARS et donc pérennisés.
La stratégie gouvernementale « Agir pour les aidants » représente une avancée importante, mais insuffisante si elle n’est pas suivie de moyens.
Si l’ARS de chaque territoire prenait en charge une partie des dispositifs artistiques-répit pour les jeunes aidants, l’offre de répit pourrait être harmonisée dans toute la France métropolitaine et ultra-marine. Les jeunes aidants constituent notre avenir. Si nous ne prenons pas soin d’eux, qui le fera ?
- 1Lire à ce sujet Sandra Mignot, « JADE : de jeunes aidants se font leur ciné », Solidarum, 17 octobre 2018, [en ligne].
- 2L’ensemble des ateliers est en effet évalué par le Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé (LPPS) de l’Université Paris Cité.
- 3Lionel Prouteau et Viviane Tchernonog, Le paysage associatif français, Éditions Dalloz Lefebvre, 2023.
- 4Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) du ministère des Solidarités et de la Santé, Note d’information concernant le cadre national d’orientation sur les principes généraux relatifs à l’offre de répit et à l’accueil temporaire, 19 mars 2021.