Enjeux sociétaux

Au centre hospitalier de Doullens, deux chiens comme alliés [Initiative]

Tribune Fonda N°256 - Les associations, garantes de nos droits culturels - Décembre 2022
HANDI’CHIENS
Et Hannah Olivetti
Le centre hospitalier de Doullens est le premier hôpital français à proposer une médiation animale à temps plein. Obelle et Omega, deux jeunes golden retrievers éduqués par l’association HANDI’CHIENS, interviennent tous les jours dans les services de cancérologie et de soins palliatifs pour améliorer le bien-être des patients.
Au centre hospitalier de Doullens, deux chiens comme alliés [Initiative]
Obelle Oméga devant le centre hospitalier de Doullens © HANDI'CHIENS

Améliorer le bien-être des patients à l'hôpital

L’idée d’intégrer des animaux pour soigner n’est pas nouvelle : dès 1792, le philanthrope britannique William Tuke confie des lapins et des volailles à des personnes internées pour maladie mentale1 .

Au XXe siècle, ce sont des patients américains hospitalisés en unité psychiatrique ainsi que des pilotes de l’aviation américaine qui vont voir leur convalescence accélérée par la présence de chiens2 . Depuis la thérapie assistée par des animaux a fait ses preuves.

« La médiation animale procure des effets extrêmement positifs pour les personnes. Elle améliore leur bien-être physique et psychologique », explique Christine Dupuis, vice-présidente de l’association HANDI’CHIENS.

C’est pour cela qu’HANDI’CHIENS forme des chiens d’assistance dits d’accompagnement social. Ils interviennent dans des établissements médicaux et médico-sociaux, tels que des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), des foyers d’accueil médicalisé ou bien encore des hôpitaux.

Les effets positifs de cette médiation animale auprès des personnes malades ont notamment été documentés par une étude dans une maison de retraite en 20083 , les thèses de Laëtitia Colney4 en 2015 et de Jean-Marie Sillou en 20165 .

Obelle, une des deux chiens d’assistance  formé par HANDI'CHIENS, sur le lit d'un patient  du centre hospitalier de Doullens. © HANDI'CHIENS
Obelle, une des deux chiens d’assistance  formé par HANDI'CHIENS, sur le lit d'un patient  du centre hospitalier de Doullens. © HANDI'CHIENS

L'arrivée d'un duo de choc au centre hospitalier

L’histoire de l’accueil de chiens d’assistance au centre hospitalier de Doullens commence pourtant hors du secteur médical. « Tout est parti d’une rencontre entre une amie médiatrice animale en EHPAD et une cousine infirmière lors ma soirée d’anniversaire en août 2019 », raconte Christine Dupuis. Inspirée par cette rencontre, l’infirmière partage à ses collègues en soins palliatifs sa découverte de la médiation animale.

Ce projet reçoit un écho favorable : les équipes sont impliquées de longue date dans l’amélioration du bien-être et du confort des patients en fin de vie. Elles ont par exemple créé un kit de bien-être à base d’huiles essentielles. Le projet reçoit ensuite l’aval de la direction de l’hôpital, après avoir levé les inquiétudes du médecin responsable de l’hygiène hospitalière.

L’équipe porteuse du projet s’attèle à la rédaction du dossier de demande de chien d’assistance à HANDI’CHIENS. Christine Dupuis les conseille tout au long de ce processus, dont elle connaît par cœur les rouages. Après de longs mois de préparation, le centre hospitalier de Doullens accueille en juillet deux jeunes Golden Retrievers. Omega évolue avec Adeline Vignon, neuropsychologue, dans le service de cancérologie. Quant à Obelle, elle est affectée auprès de Laurie Creton, médecin au service des soins palliatifs, puis dans un EHPAD.

Un essai transformé

« Depuis l’arrivée d’Obelle et d’Omega, les patients et les soignants observent un avant et un après », observe Christine Dupuis. Les patients se sentent davantage en confiance, se livrent plus facilement et tissent des liens de confiance plus rapidement avec le personnel de santé. « Les chiens sont même devenus des membres de l’équipe à part entière ».

Pour mener à bien leurs missions, Obelle et Omega suivent un planning de travail précis. Leurs journées sont rythmées par des séquences de travail avec le personnel soignant et par des temps de repos et de détente.

« Ce sont des éponges à émotion », insiste Christine Dupuis, « ils ont besoin de se promener tous les jours pour décompresser ». Face au succès de ce projet, les équipes du centre hospitalier de Doullens souhaitent étendre cette approche à d’autres services.

  • 1Georges-Henri Arenstein & Jean Lessard, La Zoothérapie : nouvelles avancées, Les éditions Option Santé, 2009.
  • 2Marie Maurer, Fabienne Delfour, et Jean-Louis Adrien, « Analyse de dix recherches sur la thérapie assistée par l’animal », Journal de Réadaptation Médicale n°28, 2008.
  • 3Jean-Baptiste Tribet, Marie Boucharlat et Michèle Myslinski, « Le soutien psychologique assisté par l’animal à des personnes atteintes de pathologies démentielles sévères », L’Encéphale n° 34, 2008.
  • 4Laëtitia Colney, Médiation animale et troubles psychocomportementaux de la démence, 2015.
  • 5Jean-Marie Sillou, Efficacité de la thérapie assistée par l’animal sur les symptômes psychologiques et comportementaux de la démence, 2016.
Cas pratiques