La Tribune Fonda n°212 réunit des travaux réalisés à l'occasion du lancement de l'exercice de prospective au service du monde associatif « Faire ensemble 2020 », et notamment les quatre scénarios pour l'avenir du monde associatif à l'horizon 2020.
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Quels scénarios pour demain ?
Comment les associations vont-elles s'adapter aux transformations profondes et multiformes que connaît notre pays1
? Notre conviction est que, plus qu'hier, elles doivent faire l'effort de regarder lucidement le monde tel qu'il évolue, sans s'enfermer dans des systèmes clos d'explication, en mobilisant de multiples regards car la réalité est complexe et chacun détient sa part de vérité. Mais si elles veulent aller plus loin, rendre possibles les « souhaitables », continuer à intervenir pour orienter le changement, elles ont un devoir d'invention.
C'est ce devoir d'invention qui est au centre de l'exercice participatif de prospective que la Fonda a proposé au monde associatif en 2011, « Faire ensemble 2020 »2
.
Élaborer des scénarios, pour distinguer les avenirs possibles, comprendre les interdépendances entre les grandes tendances qui marquent la société pour bien poser les questions essentielles qu'il faut traiter, telle a été la démarche proposée au mouvement associatif.
C'est à la Bourse du Travail, en novembre 2011, que la matière réunie a été livrée à un large public représentatif de la diversité associative, dans le cadre de débats ouverts mais exigeants, respectueux de la diversité des expériences mais invitant à des actions communes. Nous livrons ici au lecteur les documents qui y ont été communiqués et discutés pour que chacun, dans son activité militante, en tire profit.
Nous avons, dans un premier temps, mis à jour les attitudes des acteurs associatifs face à l'avenir en les interrogeant sur les atouts et les faiblesses des associations, à travers une enquête par questionnaire auprès de 1 500 responsables, pilotée par Viviane Tchnernonog.
À dix ans, l'inquiétude est vive devant l'ampleur de la tâche (le monde qui bouge, les inégalités), la difficulté à se dépasser (renouvellement, mutualisation), le peu de considération portée par les pouvoirs publics aux associations au niveau national, alors qu'ils sont plus disponibles au niveau local. Paradoxe, alors que le grand nombre est inquiet sur l'avenir des associations, beaucoup pensent que ces dernières ont des ressources pour s'adapter aux temps présents.
Nous avons également créé un mouvement de réflexion décentralisé en animant plus de cinquante groupes locaux un peu partout dans le pays. Ces derniers ont mis en évidence les sujets qui aujourd'hui préoccupent le plus les acteurs associatifs et leurs parties prenantes. Ils ont permis également de pointer des sujets tels que la question de la gouvernance des associations, le rôle éminent aujourd'hui des territoires, la place du mouvement associatif en Europe...
Pour chaque principale tendance repérée dans les notes, nous avons retenu trois ou quatre hypothèses d'évolution et d'adaptation possibles à ces évolutions. Combinées entre elles selon des logiques vraisemblables, ces hypothèses ont conduit à décrire des scénarios distincts pour soumettre les cheminements proposés à des débats réflexifs et créatifs.
Les avenirs qu'ils décrivent ne sont pas inéluctables mais ce sont des possibles tant ils ne font que forcer le trait sur des tendances aujourd'hui observées. Ils nous ont permis de retenir les questions essentielles que doivent traiter en urgence les associations, et surtout de les problématiser en esquissant quelques propositions.
L'ensemble de l'exercice de prospective n'avait d'autre vocation que de bâtir des stratégies pour permettre de peser « ensemble » sur les transformations, pour contrer les tendances les plus néfastes ou au contraire pour promouvoir celles qui correspondent à ses valeurs ou à ses pratiques, réduire ainsi les incertitudes et réfléchir aux possibles alliances pour faire avancer ses idéaux.
Tel est le sens de la démarche proposée par la Fonda : outiller les acteurs pour construire, ensemble de préférence, l'avenir des associations, et plus largement la société de demain. Autour d'une conviction forte, fondée sur notre expérience : la capacité associative à dire la société, à la transformer... mais encore faut-il, dans les moments de profonde transformation que nous vivons, devenir ensemble plus ambitieux.
On ne peut en rester à la seule dénonciation, à la seule demande, en renvoyant le tri à d'autres, au politique, il faut faire des propositions pour avoir des réponses claires, et surtout pour influer en amont sur les cultures politiques.
- 1Voir les numéros 210 et 211 de la Tribune Fonda.
- 2Pour assurer la réussite de ce travail, nous avons souhaité l'ouvrir à l'ensemble du mouvement associatif mais aussi à ses parties prenantes. La Fondation du Crédit Coopératif, la mutuelle Chorum, la Macif, le Crédit mutuel, la Fondation SNCF, la Région Île-de-France, la Mairie de Paris, ainsi que l'État (DJEPVA, DCCS) lui apportent un soutien financier.