Les principes de l’éducation populaire communément admis par les différents courants de pensée peuvent se résumer ainsi :
- Promouvoir, en dehors du système d’enseignement traditionnel, une éducation visant à l’émancipation individuelle et collective.
- S’adresser à tous les citoyens.
- S’appuyer sur l’action. La démocratie qu’elle défend ne peut pas s’enseigner, elle s’apprend parce qu’on la pratique. En ce sens elle est participative et reconnaît aux citoyens le pouvoir d’agir.
Mouvement associatif et éducation populaire sont étroitement liés. Contrairement au secteur marchand, le secteur associatif rassemble des personnes militantes autour d’un projet dont la finalité est très souvent la transformation sociale.
Concernant le défi que représente la transition climatique, le constat est préoccupant :
- Malgré quelques progrès, une grande partie de la population ne se sent pas concernée par l’enjeu de la transition climatique et des économies d’énergie. C’est souvent le cas des classes populaires qui subissent pourtant plus encore que d’autres les problèmes environnementaux.
- Toute mesure coercitive est rejetée par l’opinion (et instrumentalisée par certains politiques …).
- L’accès à l’information et aux dispositifs d’aide demeure très inégalitaire.
Pour lever ces problématiques et difficultés, différentes propositions peuvent être avancées.
La lutte contre le réchauffement climatique et ses effets dévastateurs passe par un autre modèle industriel et agricole, la diminution de la consommation d’énergie en particulier des énergies fossiles, la réduction des gaz à effet de serre. Elle passe aussi par l’appropriation de cette question par l’ensemble de la société. Sur ce point les associations ont un rôle capital à jouer, la réflexion de la Fonda sur les Objectifs de développement durable a déjà tracé une partie du chemin.
La transition écologique doit être l’affaire de tous et non pas seulement celle de spécialistes et de militants écologistes. En conséquence, elle doit partir du vécu des habitants, de leur vie quotidienne analysée à l’échelle du local.
La démocratisation de la question écologique passe par plusieurs conditions :
— Une véritable éducation populaire en matière de développement durable, s’adressant aux plus jeunes comme aux plus âgés, aux habitants des quartiers populaires comme à ceux des quartiers résidentiels. À titre d’exemple, en 2015, le centre social l’Espélido de Montfavet a coopéré avec l’APARE à un projet campus euro-méditerranéen sur le thème « action citoyenne pour l’adaptation au changement climatique d’un quartier périphérique d’Avignon ». Le choix assez rare d’un quartier de la politique de la ville pour ce type d’étude s’est montré opportun avec une forte contribution de ses habitants au diagnostic et aux recherches de solutions de proximité en matière d’économie d’énergie.
Le réseau des associations, les centres de loisirs, le périscolaire, doivent être au cœur de la démarche. Ils doivent permettre une appropriation collective des notions de circuits courts, d’économie circulaire, d’obsolescence programmée, d’économie d’énergie…, cette éducation populaire doit mettre en avant le bien commun et les comportements solidaires. N’oublions pas que le poids de l’opinion est un facteur clé des choix gouvernementaux en matière de politiques publiques.
— Les mesures prioritaires en matière de transition écologique doivent être compréhensibles pour tous et accessibles financièrement aux catégories sociales les plus modestes. Elles doivent se justifier par un impact sur la santé et sur la qualité de vie tout en permettant de réaliser des économies nettement quantifiables.
— La transmission d’une écocitoyenneté au quotidien. Nous avons tous en nous, le pouvoir de changer nos modes de vie quel que soit le lieu où nous habitons. Chaque geste compte : utiliser le tri sélectif, mieux gérer ses déchets, moins consommer d’eau, isoler son logement, manger local et de saison, se déplacer autrement, participer à des opérations collectives de nettoyage de déchets ou de plantations d’arbres. Bien sûr, les actions doivent répondre au vécu et au territoire de vie de chacun. Elles sont évidemment différentes d’un lieu à un autre.
Est-il nécessaire de préciser que dans les quartiers populaires, on surconsomme moins que dans les quartiers résidentiels ! On est souvent « économe » avant d’être « écolo ». Les ateliers alliant écologie et économie fonctionnent très bien : comment cuisiner bien et pas cher, fabriquer ses produits ménagers, coudre ses vêtements… Contre le gaspillage, l’exemplarité des parents joue un rôle important auprès des enfants.
Les activités « nature » répondent aussi à un besoin clairement exprimé par les enfants et les adultes. Les sorties nature familiales connaissent généralement un grand succès et favorisent le vivre ensemble. Dans les zones urbaines, les enfants sont très demandeurs de jardinage et de protection des animaux. Plus tard, ce seront des militants, voire des acteurs de la biodiversité.
Dans le même ordre d’idée, la demande de parcelles de jardin pour l’autoconsommation reste considérable. Il est fréquent de voir des jardins partagés en pieds d’immeuble parfaitement entretenus et respectés par le voisinage.
La question des déplacements est aussi cruciale. Si des progrès ont été faits pour les transports doux et les transports en commun, de trop nombreux quartiers et zones périurbaines restent enclavés créant une frustration chez la population.
— Une coopération des associations pour accompagner le changement et les initiatives vers une meilleure qualité de vie. Le réseau associatif, par son importance, par ses compétences en matière d’animation collective et surtout ses liens de proximité avec les habitants peut jouer un rôle essentiel. Beaucoup d’associations qui font de l’accompagnement social et culturel sont d’ailleurs déjà, et depuis des années, impliquées sur les questions de développement durable.
La plupart des associations, qu’elles appartiennent à un grand réseau ou non, qu’elles soient spécialisées dans l’éducation à l’environnement ou non, peuvent collaborer à cette mission en coopération avec les autres acteurs, dont les collectivités locales. Surtout, par leur dimension citoyenne, elles sont capables de favoriser les synergies au plus près des problématiques du territoire. Elles peuvent être porteuses de parole d’usagers, médiatrices (car les questions posées sont souvent complexes), accompagnatrice du pouvoir d’agir. Les associations ont un rôle à jouer pour encourager les gens à devenir acteurs, « Si notre parole a du pouvoir sur notre famille, notre classe, notre quartier, alors pourquoi ne pas aider la planète à tourner mieux ? ».
— Une place particulière est à donner à la communication et aux actions des jeunes. Ils sont de plus en plus nombreux dans le monde à s’inquiéter de leur futur et à vouloir changer les choses. Donnons-leur la parole et le pouvoir d’agir.
Se mobiliser pour arrêter la dégradation de l'environnement dans le monde, agir pour une meilleure qualité de vie de chacun, mieux vivre ensemble de manière solidaire dans un même lieu, il s’agit d’un même combat qui peut préserver l’avenir de l’homme et la dignité humaine.