Marie-Stéphane Maradeix répond aux questions de Nils Pedersen de la Fonda.
Pourquoi cette initiative, portée par le Centre français des fonds et fondations ?
Parce qu'il y a urgence !
La philanthropie est assez peu impliquée dans les sujets liés à l’environnement : à peine 5 % des fonds sont fléchés sur ce sujet.
Pourtant, les conséquences du dérèglement climatique touchent toutes les causes dans lesquelles elles sont engagées. La philanthropie, qui travaille pour le bien commun, doit impérativement s’intéresser à cet enjeu.
Comment expliquer cette mise en œuvre tardive, alors que l’accord de Paris a été conclu en 2015 ?
Comme les individus, les fondations ont conscience du dérèglement climatique, sans y être directement confrontées, car elles agissent souvent à une échelle très locale. Et elles peuvent se sentir démunies pour mettre en œuvre seules des solutions concrètes.
Justement, que fait la coalition ?
La CFFC est avant tout un engagement collectif. En signant un manifeste, on s’engage — sur la base du volontariat — à prendre en compte les enjeux du dérèglement climatique dans ses opérations (locaux, transports, etc.), ses programmes, ses investissements et ses reportings.
Cette première étape doit permettre de sensibiliser sa gouvernance et ses équipes.
Sans l’appui et l’allant de ceux qui font la philanthropie au quotidien, rien ne se passera.
La coalition vit également au travers d’événements et de groupes de travail.
Quelle est la place pour la coopération inter-acteurs ?
Nous voulions démarrer sur des coalitions de fondations, pour incarner la mobilisation d’un secteur. Mais nos groupes de travail sont ouverts à d’autres coopérations. Née lors de l’assemblée générale de l’European Foundation Center, notre initiative s’intègre dans une dynamique européenne. Elle est également portée par Dafne, le réseau européen des réseaux nationaux de fondations1 , et au niveau international par WINGS, le réseau mondial de grantmakers 2 . Au niveau européen, notre première action a été de cartographier les grands réseaux d’acteurs sur le climat 3 .
Pourquoi est-il important de « faire ensemble », et pas seulement en France ?
Le climat est un enjeu planétaire. Une vision globale est nécessaire pour le traitement de ces enjeux.
Ce que l’on fait dans un pays aura un impact dans le pays d’à côté ou à 5 000 km. Prendre en considération le mix énergétique de la France n’est pas suffisant, l’ouverture à l’international est donc indispensable.
Quel bilan tirez-vous de cette coalition un an après sa création ?
Nous comptons 150 signatures dans trois pays (Grande-Bretagne, France et Espagne), dont plus de 70 en France.Le chemin est encore très long et nous devons faire nos preuves. Nous ne ménageons pas notre peine pour apporter des solutions.
Ma seule interrogation est de savoir s'il n’est pas trop tard !
- 1Le Donors and Foundations Networks in Europe (Dafne) est un réseau européen qui rassemble 30 réseaux nationaux, soit environ 10 000 fondations.
- 2Le Worldwide Initiatives for Grantmaker Support (WINGS) est un réseau de plus de 100 structures nationales qui fédèrent ou promeuvent la structuration du secteur de la philanthropie.
- 3L’European Funders For Social Change And Human Rights (Ariadne) est un réseau européen de plus de 600 donateurs et philanthropes qui soutiennent le changement social et les droits humains. On peut aussi citer la Fondation européenne pour le climat ou l'EDGE, une communauté de 320 donateurs, fondations et conseillers en philanthropie présente dans 30 pays.