L’existence des déséquilibres de notre société et du monde n’est pas une nouveauté. Mais on prend conscience à l’occasion de cette crise de leur ampleur. Le basculement vient de la finance, alors qu’on aurait plutôt pensé qu’il serait exprimé dans une forte violence sociale. Nous pouvons d’ailleurs nous interroger sur les raisons qui font qu’actuellement elle n’est pas plus importante. La crise est d’abord financière car nous avons voulu faire du « social » par ce biais. C’est la faiblesse du système redistributif américain qui a conduit à la création de ces fameux produits financiers qui se sont retournés contre tout le monde.
Sur la question environnementale, des permis d’émissions alloués en fonction de la population conduiront certains à être en excédent et d’autres en déficit favorisant une redistribution au plan international. Jean-Baptiste de Foucauld évoque aussi l’idée d’instituer un « droit au réseau », qui est devenu un élément majeur de la vie moderne, par un prélèvement sur le revenu.
La mise en œuvre de ces transformations nécessaires est complexe, car elle implique des qualités morales de leadership très importantes. Face à la crise, nous avons trois réponses possibles :
- une réponse individualiste qui passe par un réaménagement de la société pour que les agencements individuels redonnent une productivité collective
- une réponse autoritaire, qui bien que non encore esquissée, peut venir rapidement
- et enfin une réponse solidaire.
Aujourd’hui, nous recherchons une réponse régulationniste, qui fait l’économie des enjeux abordés lors du conseil d’administration, qui ne donne pas sens à l’action individuelle et collective. Il nous faut aussi prendre en considération les nouvelles formes de violence qui pourraient émerger. La lecture du livre du comité invisible, le groupe de jeunes militants soupçonnés d’avoir effectué les sabotages envers la Sncf, est intéressante de ce point de vue. Si toute société a besoin de l’expression d’une radicalité, il semble bien que nous sommes là face à quelque chose de nouveau. Ils affirment leur volonté de s’organiser et la fin de la représentation politique. Le divorce semble devenu total entre la politique et le politique, laissant apparaître une société de non retour.
La réponse est donc nécessairement solidaire, ce qui implique une prise de parole du mouvement associatif pour peu qu’il dépasse son individualisme. Il faut aussi trouver des convergences avec l’économie sociale et solidaire.
Il faut donc essayer de porter ces trois idées de sobriété, de créativité et de solidarité, revendiquer davantage de redistribution et travailler pour remettre en cause notre individualisme, sans toutefois tomber dans l’autoritarisme. Alors que les banquiers refusent d’abandonner leur bonus et d’ainsi préserver l’emploi, alors que les partis politiques restent focalisés sur le pouvoir d’achat, une responsabilité nouvelle pèse sur les associations. De nouvelles formes de mobilisation sociale doivent émerger pour nous permettre de passer d’un monde de la quantité à celui de la qualité.
(Synthèse d’une intervention orale réalisée par la Fonda.)