Projets en coopération

Projet en coopération - Après M, le fast-social food

Après M
Et Hannah Olivetti
Ovni dans le monde de la restauration rapide, L’Après M s’inscrit dans une démarche économique, sociale et solidaire. Cet ancien restaurant McDonald’s du quartier marseillais de Saint-Barthélemy est devenu durant le premier confinement un véritable acteur de proximité avec des distributions de colis alimentaires, l’organisation d’activités de soutien scolaire ou bien encore la création d’un jardin partagé.
Projet en coopération - Après M, le fast-social food
Distribution de colis alimentaires en 2020 à l'Après M, dans les quartiers Nord de Marseille, France. © Extrait du reportage dessiné de Malika Moine et Jan-Cyril Salemi pour solidarum.org, la base de connaissances de la Fondation Cognacq-Jay.

Dans le cadre du programme Faire Ensemble 2030, la Fonda souhaite valoriser les coopérations pluriacteurs. Cette fiche s’intéresse à l'Après M, le fast-social food.

Hannah Olivetti a rédigé cet article, suite à un entretien le 19 janvier 2022  effectué avec Fathi Bouaroua, membre de l'Après M.

L’installation de McDonald’s dans les quartiers populaires 

En 1992, Martine Aubry — alors ministre du Travail et de la Ville — a incité les entreprises à s’installer dans des zones à urbaniser en priorité (ZUP). C’est dans ce cadre qu’un restaurant McDonald’s s’est installé en 1992 à Marseille dans le quartier du grand Saint-Barthélemy.

En échange d’aides publiques, l’entreprise s’engage à embaucher de jeunes habitants du quartier de son implantation sans qualification en contrat à durée indéterminée et à les faire monter en compétences.

En 2018, le restaurant se déclare en faillite aboutissant à une procédure de liquidation judiciaire. Pour protester face à la disparition du deuxième employeur du territoire, les salariés, les habitants et les associations locales décident d’occuper ce lieu, sous l’impulsion du responsable syndical, Kamel Guemari.

Le premier confinement du 17 mars 2020 marque un tournant majeur dans cette aventure collective. Les acteurs locaux sont confrontés à une aggravation de la pauvreté dans les quartiers populaires se traduisant notamment par une détresse alimentaire. Certaines personnes n’étaient plus en capacité de s’alimenter.

Le réquisitionnement des locaux au service de la solidarité

Ne pouvant rester les bras croisés, les anciens salariés, les habitants et les associations locales réquisitionnent le lieu pour mettre en place des actions de solidarité.

  • Une plateforme d’aide alimentaire se crée rapidement. Elle assure la distribution de 2 000 colis par semaine, et ce sans aucune aide publique ou privée, grâce à la générosité des agriculteurs et des commerçants locaux.
  • Des associations de maraude y préparent également des repas chauds pour les personnes sans domicile fixe du centre-ville.

Le restaurant se métamorphose pour devenir la place forte des initiatives d’entraide sur Marseille. L’instauration d’un groupement d’infirmières libérales, l’organisation d’activités de soutien scolaire ou bien encore la création d’un jardin partagé constituent des manifestations de cette vitalité fertile.

Distribution de colis alimentaires en 2020 à l'Après M, dans les quartiers Nord de Marseille, France.  © Extrait du reportage dessiné de Malika Moine et Jan-Cyril Salemi pour solidarum.org, la base de connaissances de la Fondation Cognacq-Jay.
Distribution de colis alimentaires en 2020 à l'Après M, dans les quartiers Nord de Marseille, France. © Extrait du reportage dessiné de Malika Moine et Jan-Cyril Salemi pour solidarum.org, la base de connaissances de la Fondation Cognacq-Jay. 

La structuration de l’Après M 

À l’issue du confinement, il est apparu nécessaire et urgent de pérenniser cette initiative sociale et solidaire. L’Association de préfiguration pour un restaurant économique et social, appelée communément L’Après M, naît en décembre 2020.

Pour faire perdurer son initiative, l’équipe de L’Après M a créé l’association Société citoyenne immobilière « La part du peuple ». Elle a pour ambition de racheter les bâtiments, les terrains et le matériel de l’ex-MacDonald's de Sainte-Marthe, mais aussi de financer les activités.

Un système d’adhésion, dont le montant est de 25 € par part — a été mis au point avec comme objectif d’avoir 50 000 adhérents. L’objectif est de devenir totalement indépendant et autonome.

L’annonce du rachat des locaux par la cité phocéenne faite par le maire de Marseille, Benoît Payan, le 2 juin 2021 a constitué un tournant. Des négociations sont en cours au sujet du bail avec la mairie.

Il est toujours possible de souscrire à l’association que ce soit pour soi-même ou pour des personnes démunies via une part suspendue. L’Après M ambitionne de devenir une coopérative avec le statut de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Les salariés et les adhérents constitueront les deux collèges de la coopérative.

L’apparition d’un fast-social-food

Ovni dans le monde de la restauration rapide, L’Après M s’inscrit dans une démarche économique, sociale et solidaire.

Parmi les mesures phares, les futurs salariés seront composés des salariés du McDonald faisant face à des difficultés, de bénévoles, et de jeunes du quartier envoyés par des acteurs locaux, dont la Mission locale.

Par ailleurs, le prix ne sera pas un frein pour se nourrir au restaurant pour les familles les plus démunies. En échange d’une adhésion à « La part du peuple » et d’une participation au fonctionnement du restaurant à raison de huit heures par mois, les familles pourront bénéficier de tarifs proportionnels à leurs revenus.

Par exemple, un foyer adhérent sans ressource pourra déjeuner deux fois par semaine gratuitement. Quant à un ménage percevant le revenu de solidarité active (RSA) ou l’allocation aux adultes handicapés (AAH), il paiera deux euros.

La création d’une plateforme d’entraide et de solidarité

Le Village des initiatives d’entraide constitue l’autre facette de L’Après M. Cette plateforme d’entraide et de solidarité sera animée par les habitants et les associations locales, pour la poursuite des initiatives lancées lors du confinement : distribution des colis alimentaires, permanences sociales pour faciliter l’accès aux droits et préparation de repas pour les associations de maraude.

Un service de livraison à domicile, intitulé l’Union bienveillante d’entraide pour les repas (Uber), va être renforcé. L’objectif est de développer de nouveaux modes de livraison : en vélo-cargo par de jeunes bénévoles ou en voiture dans le cadre d’une solidarité de voisinage.

Cas pratiques et initiatives