Le numérique : une communication sans barrière
La communication, qui à Athènes se faisait de bouche à oreille et à l’époque des Lumières par l’imprimerie, a bien évolué. Le numérique permet aujourd’hui le partage universel de l’information, de manière quasi instantanée, et permet d’apprendre les uns des autres à toutes les échelles. Une partie des barrières de la communication d’hier sont tombées, notamment celles linguistiques grâce à la traduction automatique. Actuellement, Wikipédia est l’un des meilleurs exemples de coopération internationale entre différents bassins linguistiques. Néanmoins, le fait que l’édition des articles soit essentiellement masculine constitue un biais. Il est donc nécessaire d’être ouvert à la progression en adoptant une démarche réflexive à la fois sur la connaissance, mais aussi sur l’action.
Changement d’échelle : « faire ensemble » local au « faire ensemble » global
Comment passer de l’émotion individuelle à l’émotion collective, et de l’émotion collective à l’intelligence collective et à l’action collective à la fois localement et globalement, de façon intelligente et démocratique ? Pour y parvenir, nous devons poursuivre nos efforts dans le « faire ensemble » à l’échelle locale, mais également à plus grande échelle avec les nouvelles générations, et cela se profile comme étant notre défi majeur.
Une citoyenneté planétaire
Ce qui était une citoyenneté locale à Athènes et nationale sous les Lumières doit aujourd’hui devenir planétaire. Il est nécessaire de penser fractal (multiéchelles) et d’agir viral. En d’autres termes, il faut documenter et rendre disponibles, à tous, les solutions locales afin que chacun puisse se nourrir de celles des autres. Finalement, ces solutions sortiront enrichies de leur appropriation par divers acteurs dans des contextes variés. Cette capacité à apprendre des autres localement et globalement est en partie à inventer.
Néanmoins, des briques d’intelligence artificielle naissantes permettent aujourd’hui d’avoir des « GPS » de la connaissance : où se situe-t-on par rapport aux autres ? Où trouver celle qui nous manque pour répondre aux défis environnementaux et sociétaux ?
Pour définir cette citoyenneté, faudrait-il peut-être octroyer aux derniers « non-citoyens », les enfants, une citoyenneté de la planète ? S’ils pouvaient voter, localement et globalement, la Déclaration des droits de l’enfant datant de près d’un siècle évoluerait-elle ? Auraient-ils le droit de demander de nouveaux droits ? Cela changerait-il les équilibres dans la démographie électorale qui permettrait de penser le temps long ?
L’éthique de l’action
La « bêtise collective » est attisée par les néo-populismes et les fake news des réseaux sociaux. Comment l’éviter en passant de l’émotion collective à l’action collective ? Il est nécessaire d’inventer des formes d’intelligence collective qui pensent le temps long et qui affirment la vision de « l’éthique de l’action » d’Aristote. Il divisait la connaissance selon trois catégories :
- Épistémè, la science/connaissance du monde,
- Technè, l’action efficace sur le monde, et
- Phronesis, l’éthique de l’action, les conséquences de mes actions sur moi et sur les autres, sur le court terme et le long terme, sur le local et le global.
Une éthique de l’action généralisée amène à penser le passage du « je » au « nous » et du « nous » au « nous tous », tous étant l’ensemble des êtres vivants . Ainsi, il est nécessaire de co-construire des solutions et d’apprendre à coopérer à des échelles sans précédent de l’ultra-local jusqu’au global.
Ce compte-rendu a été rédigé par Bernard Grozelier et relu par Marion Lanouzierie, Anna Maheu et Agathe Thiebeaux pour la Fonda. Il est mis à disposition sous la Licence Creative Commons CC BY-NC-SA 3.0 FR.