La Tribune Fonda n°207 interroge la question du rôle et de la représentation des associations dans le dialogue civil et politique.
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Réaffirmer la légitimité associative
Alors même que la crise sociale, économique et politique que traverse notre pays appelle une large mobilisation de toutes les énergies de la société civile pour y apporter des solutions, la vie associative apparaît fragilisée par des tendances lourdes qui la traversent : transformations de l'engagement citoyen, de la nature et de l'ampleur des financements publics, rôle accru des collectivités territoriales, professionnalisation des structures, etc.
Parmi celles-ci, s'installe une préoccupante remise en cause des spécificités associatives par la mise en concurrence accrue des associations entre elles, ainsi qu'avec le secteur lucratif, en raison du recours croissant des pouvoirs publics à la commande publique et aux appels d'offres. Ce contexte nécessite la réaffirmation de ce dont François Bloch-Lainé dessinait les contours dès la fin des années 1970 : les « spécificités méritoires » des associations.
Sur quoi repose la légitimité des associations à intervenir dans l'espace public ? Comment renforcer cette légitimité ? Deux questions que le mouvement associatif doit en permanence se reposer et qu'il se repose.
Michel Soublin l'illustre parfaitement à travers l'action du Comité de la Charte du Don en confiance, qui s'est fixé pour objectif de renforcer la légitimité des associations vis-à-vis des donateurs (clarté dans l'utilisation des fonds collectés, adéquation du mode de gouvernance).
De son côté, Jean Bastide invite à une relecture historique qui débouche notamment sur une interrogation : quelles vont être les conséquences de la décentralisation et de la réforme territoriale sur le mouvement associatif ?
Luc Ferry répond avec fermeté que les associations ont un rôle crucial à jouer : elles sont en première ligne pour cristalliser, dans le débat public, des atouts encore mal cernés, des préoccupations collectives et pour expérimenter des réponses adaptées à ces besoins inédits.
Le rôle irremplaçable des regroupements associatifs
Pour conforter cette légitimité associative à laquelle nous sommes nombreux à croire, il faut agir contre les conséquences d'un autre fait inquiétant : la déstabilisation de regroupements associatifs qui ont traditionnellement structuré le paysage associatif, participé à sa représentation sectorielle auprès des pouvoirs publics, forgé les outils pour que les associations montent en qualité et puissent faire face aux transformations de leur environnement.
C'est pourquoi il est utile de rappeler, comme le font Luc Ferry et Jean Bastide, le rôle irremplaçable de ces mouvements qui ont historiquement contribué à la reconnaissance du rôle de la vie associative dans la vie démocratique, économique et sociale de notre pays. Leur fragilisation se traduira irrémédiablement par une fragilisation des associations « de base » de ces mouvements.
Pour la Fonda, la vie associative et plus largement la participation citoyenne doivent être au cœur du nouveau modèle de développement que nous devons inventer de toute urgence. C'est dans ce contexte que nous souhaitons d'une part rappeler les fondements de la légitimité politique des associations et d'autre part, de leurs fédérations et regroupements, dans l'espace public.