Une volonté de développer les pratiques artistiques
Au début des années 1970, les associations départementales et régionales initiées dans le cadre du « Plan Landowski » se développent en France pour favoriser et accompagner une pluralité de pratiques artistiques, qu’elles soient amateures ou professionnelles (théâtre, danse, musiques - traditionnelles, actuelles, vocales etc.). Les pouvoirs publics soutiennent à parité (État - Régions / Départements), le développement d’associations régionales (AR) et départementales (AD) thématiques et sectorielles (Musique et Danse, Centre régionaux du Jazz, …). Parmi celles-ci, les Missions Voix en Région prennent conscience de la nécessité de se mettre en réseau et de se doter collectivement de moyens de coordination.
C'est dans cette dynamique qu’a été préfigurée en 2002, puis officiellement crée en septembre 2003 l’association “Plate-forme interrégionale d’échange et de coopération pour le développement culturel” (la PFI). Elle vise à faciliter le travail en réseau, la mutualisation de ressources, dispositifs et démarches d’accompagnement entre acteurs territoriaux au service du développement culturel, tout particulièrement les pratiques artistiques et de création musicale.
Originellement composée de 27 membres dans les années 2000, la PFI en compte désormais dix. Cela s’explique par un double phénomène de décentralisation :
- La transformation des associations thématiques et sectorielles en agences régionales du spectacle vivant, avec la définition de nouvelles politiques culturelles régionales à partir de 2004,
- La réforme territoriale de 2015 instituant une nouvelle organisation régionale avec une passage de 22 à 13 régions. La moitié des agences du spectacle vivant disparait et les autres se sont réorganisées pour s’adapter à ces évolutions.
Une composition variée de la PFI
La coopération comme mode de développement culturel des territoires est dans l’ADN de la PFI. En 2018, avec l’aide d’un DLA, la PFI repense son projet associatif et concentre son périmètre sur la musique et en élargissant la typologie de ses membres à des structures du local au national. Elle en comprend dix, présents un peu partout en France (Normandie, Grand Est, région Centre Val-de-Loire, Occitanie, Bourgogne Franche-Comté, et Ile-de-France) et d’une grande variété :
– Des centres ressource pour la musique en région, thématiques et spécialisés (pratiques musicales, voix, musiques actuelles, pratiques en amateur) : Cité de la Voix Vézelay - Bourgogne Franche-Comté, le FAR Normandie (Formation Accompagnement Ressource), l’ARPA Occitanie, la CEPRAVOI, l’INECC mission voix Lorraine, Cadence - Pôle musical régional.
– Des associations nationales de pratiques musicales, musiciens et/ou encadrants, amateurs et/ou professionnels : Musique et Santé, MESH - Musique et Situations de Handicap, AFPC-EVTA France - (Association des professeurs de chant), Orchestre à l’école.
Le développement d'une ingénierie de certification et de formationLa réponse aux besoins des membres constitue la boussole de la PFI, explique Stéphane Grosclaude, son coordinateur. Un exemple marquant peut être donné concernant la montée en compétence des membres. Suite aux réformes de la formation professionnelle (Datadock, puis Qualiopi et la création du compte personnel de formation - CPF - pour des formations certifiantes ou diplômantes), les structures culturelles qui proposent des formations se trouvent en difficulté. La majorité d’entre elle n’est pas labellisée “Qualiopi” et ne pourra plus proposer de formations éligibles au compte CPF à partir de janvier 2022. De plus, la condition d’éligibilité des formations au compte CPF est qu’elles soient inscrite dans un parcours de certification de compétences enregistrées au Répertoire National de Certification des Compétences (RNCP) ou au Répertoire Spécifique de France Compétences, ce qui n’est souvent pas le cas et 80% des demandes d’enregistrement auprès de France Compétences sont rejetées. La PFI a mis en œuvre en 2017 une certification pour « encadrer un groupe de pratiques vocales collectives ne musiques actuelles », transversale à plusieurs métiers (direction de chœur, pédagogie de la voix, musiques actuelles). Cette certification permet d’habiliter des formations modulaires et de proposer des parcours sur mesure (pour plus d'informations, c'est ici). Aujourd’hui, la PFI est prestataire du dispositif local d’accompagnement (DLA) sur la dimension ingénierie de compétence et de certification. Une réflexion est d’ailleurs en cours quant à l’opportunité de renforcer ou non cet aspect dans le modèle socio-économique.
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Elle a une gouvernance démocratique où chaque structure membre a une voix. Deux assemblées générales sont organisées au cours de l’année afin de valider les orientations stratégiques. Quant au comité directeur, composé de cinq personnes, il assure la mise en œuvre en étroite collaboration avec le Coordinateur, Stéphane Grosclaude, et le suivi des actions.
L’appui et la mise en réseau des structures culturelles
Depuis près de 20 ans, la PFI agit pour faciliter le travail en réseau et la conduite de chantiers territoriaux. Elle facilite au quotidien la redistribution de ressources liées aux activités artistiques et aux pratiques musicales, comme par exemple la traduction de documents internationaux ou bien encore en diffusant des méthodologies et des réflexions. Elle favorise également une montée en compétences en proposant des formations. Elle organise des moments de rencontre entre les membres pour qu’ils puissent partager leurs expériences avec, par exemple, des groupes de travail et des séminaires.
Grâce à la PFI, les membres améliorent leur interconnaissance, par-delà leurs périmètres d’action habituels, discutent entre pairs, tout en augmentant leurs compétences via un outillage des acteurs et des formations.
Bonnes pratiques pour coopérer, selon Stéphane Grosclaude
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Une logique de décloisonner et mutualiser les pratiques entre les associations est bien présente. La Pfi a ouvert un espace de concertation inter-associative. Une quinzaine d’associations nationales spécialisées dans la musique se réunissent ainsi une fois par mois pour identifier les synergies possibles sur une variété de thématiques : la reconnaissance des métiers, les enjeux sur la formation, l’interconnaissance et la coopération internationale. Une première action commune a pu se réaliser le 25 octobre 2021, lors d’une rencontre nationale sur l’inclusion et le handicap dans les pratiques musicales (pour en savoir plus, c'est ici).
En parallèle, la PFI mène aussi un travail de représentation avec une dimension européenne. Elle participe notamment aux réseaux et réunions du Conseil européen de la musique, de la European Choral Association, de la World Youth Choir Foundation, ou bien encore de la European Voice Teachers Association. Ces participations lui permettent de relayer régulièrement des informations et événements européens, en proposant des traductions en français, notamment de l’Agenda Européen de la Musique.
Pour mener à bien ses actions, la PFI fait face à certains freins, dont le manque de ressources humaines salariées.
Des projets mobilisateurs pour l’avenir
Le monde du spectacle vivant est bouleversé par les enjeux actuels. La PFI souhaite, en ce sens, organiser des temps de réflexion sur le recours au numérique lors de la pratique musicale, ainsi que sur la mobilité internationale des artistes afin de préserver la diversité artistique, en prenant en compte la nécessaire préservation de l’environnement.
La PFI a récemment entamé un nouveau DLA pour définir collectivement son utilité sociale. L'enjeu est de mobiliser les anciennes et les nouvelles structures autour d’une vision partagée. Face aux défis actuels, la coopération entre les acteurs culturels devient plus que nécessaire.